La Fromagerie Médard a vu le jour il y a plus de 100 ans à Saint-Gédéon, au Saguenay Lac-Saint-Jean, alors qu’Élise Médard, en tant que fille d’une famille nombreuse, se voit offrir le choix entre 50 $ et un lopin de terre. Son 100 acres de terre sous les yeux, elle s’est lancée dans le défrichage, puis la production laitière, une vocation qui allait se passer de génération en génération. Voici l’histoire d’une vieille fromagerie tournée vers l’avenir.

Dans les années 80, le père de Rose-Alice reprend l’entreprise familiale et souhaite acquérir des vaches suisses brunes pour un lait plus gras et protéiné pour, un jour, produire du fromage. Cependant, le vrai déclencheur a été qu’à cette époque, une usine destinée à transformer tout le lait des producteurs de la région devait voir le jour. Malgré avoir milité pour sa survie, les parents ont dû se résoudre à l’idée : soit leur lait partirait ailleurs, soit ils devaient le transformer. Un certain régionalisme, et une volonté de prouver qu’ils n’étaient pas dépendants des grands centres leur ont fait prendre une décision : ils auraient leur propre fromagerie. Le désir était de pouvoir prouver que même en région éloignée, il est possible d’avoir un modèle solide et de faire de belles choses. La fromagerie voit le jour en 2005.
Un vent de changement
Ça, c’était avant que la sixième génération n’arrive dans le portrait, des idées plein la tête, pour arriver au modèle d’aujourd’hui : une fromagerie qui transforme 100 % de sa production laitière, et qui vend ses produits dans une jolie boutique aux côtés des produits de la boulangerie et d’un assortiment de produits fins et régionaux.
Une sixième génération qui a voulu étudier et voler de ses propres ailes pour mieux revenir. Des quatre enfants, trois sont revenus à la ferme (pour l’instant); l’une à la production fromagère, l’autre à la production laitière et la troisième à la boulangerie.
En 2011, les sœurs Médard ont commencé à vendre des baguettes, pour accompagner les fromages, et ce, avec succès. Face au nouvel achalandage, l’ancienne maison familiale a été transformée en boulangerie. Aujourd’hui, la boutique est ouverte à l’année, proposant les produits de la fromagerie, de la boulangerie, et un joli assortiment de produits « approuvés » Médard. En été, quelque 50 000 visiteurs s’y rendront. Les fromages Médard sont autrement distribués à l’échelle du pays, des produits convoités grâce à un travail d’équipe bien rodé.
Dès l’arrivée du frère à la production laitière, un premier chantier a été d’améliorer la qualité du lait, d’augmenter la teneur en protéines et en matière grasse. En 2017, un grand chantier de réfection de la ferme basé sur le bien-être animal et le foin sec s’est donc amorcé. Ce chantier, qui visait à asseoir une vision basée sur le bien-être des vaches et la qualité du lait pour la fromagerie, était aussi une matérialisation de la volonté de regarder vers l’avant et de penser à la prochaine génération.
Pour adapter la ferme, les Médard ont d’abord voulu réussir à produire du foin sec de qualité. Le foin, généralement mis à sécher au champ, puis roulé, était un souci dans le contexte du taux de pluie dans la région. La production de ce foin demandait donc beaucoup de travail au champ pour une qualité souvent instable. Un système permettant de sécher le foin dans le toit de la grange grâce à un système de récupération de l’air chaud du toit leur permet désormais d’avoir du foin sec pour leurs bêtes à l’année. Un foin sec apprécié des vaches, mais qui assure aussi de ne pas avoir de bactéries indésirables dans leurs fromages de garde. Un pan de la réfection de la ferme a également permis d’introduire de la robotisation, un processus laissant plus de temps à la gestion de l’entreprise tout en réduisant les risques de blessures.
Le cœur à l’ouvrage
Les Médard ont maintenant un modèle dans lequel tous ont leur place. Mais c’est un modèle qui demeure à leurs yeux en constante évolution, que ce soit en formant les jeunes qui travaillent pour eux, en montrant les rouages du métier à leurs propres enfants ou en partageant leur passion du travail : « Le travail, pour nous, c’est un mode de vie. En le montrant aux plus jeunes, on leur montre comment c’est aidant d’être travaillant, tout ce qu’on y apprend. Chez nous, le travail c’est une valeur ».
Pour visiter le site web de la fromagerie, c’est ici.
À la fine pointe est une série de contenu qui vise à mettre de l’avant l’expertise et l’esprit d’innovation des artisans fromagers d’ici. À travers les différents portraits proposés, vous pourrez découvrir des passionnés d’un peu partout au Québec. Surveillez nos pages Facebook et Instagram pour les contenus à venir.