Quelques minutes d’inattention et un BBQ brûlant suffisent à transformer la boulette parfaite en boulette brûlée. Avant d’inventer des folies à vos invités pour leur expliquer pourquoi leur hamburger s’est subitement transformé en sandwich au pain, sauvez vos boulettes (et la face) avec un peu de fromage et quelques conseils de Bob le Chef.

Bob, on a brûlé nos boulettes sur le BBQ. Comment rattraper notre gaffe? (sans se faire pogner)

Ça arrive même aux meilleurs! Mais qui dit boulettes brûlées ne dit pas nécessairement boulettes perdues, tant qu’il y du fromage à portée de main (et tant qu’elles ne sont pas brûlées bord en bord, il y a des limites aux miracles).

L’essentiel est dans le choix du fromage de sauvetage - et l’habile diversion de vos invités.

Un fromage suffisamment fort

Dans tous les cas, on aura besoin d’un fromage assez fort pour dompter l’insistant goût de gril. Tout de suite, Bob pense à un bon bleu - « n’importe quel bleu d’ici, ils sont tous bons et ont assez de caractère ». Toutefois, il y a aussi une question de stratégie; « le bleu peut être un fromage d’initiés, surtout s’il y a des enfants à table. Si on veut un fromage plus passe-partout, on pourrait considérer un cheddar, comme celui de la fromagerie Blackburn, par exemple.»

Mets du velouté sur tes brûlures

Ici, l’onctuosité est l’antidote à la flamme enthousiaste. « C’est sûr qu’une boulette brûlée sera plus sèche. L’idée, c’est de compenser avec un fromage plus riche en matières grasses - pensez un Pied-de-Vent ou un Riopelle. »

Le chef gourmand propose aussi quelques mariages audacieux, avec le brie Coulée Douce, le camembert Le Casimir ou encore le Cendré des Prés! « Outre son nom assez d’adon, le Cendré des Prés a un goût particulier, bien à lui, qui pourrait voler la vedette et s’accorder à un léger goût de brûlé ». Boulettes trop cuites ou pas, on achète l’idée.

Les autres ingrédients de notre-maintenant-cheeseburger ne sont pas à négliger non plus! Par exemple, pour contrebalancer la texture plus...maigre de notre boulette, le chef conseille un pain burger classique pour son côté moelleux, ou alors une brioche bien beurrée, plutôt qu’un pain plus sec comme la ciabatta ou la fougasse. Les condiments goûteux avec un côté plus gras ou juteux sont également de bons candidats : « Un burger fromage, bacon, laitue et mayo chipotle, ça vient tout le temps me chercher » soupire Bob.

« Tu peux aussi mettre des oignons, comme ça, si tu pleures la perte de tes boulettes, tu peux mettre ça sur la faute aux oignons ».

Pas bête.

À chaque boulette son fromage

Si la boulette classique est faite de boeuf, on peut aussi faire - et brûler - des burgers de poulet, de porc, de veau, de tofu ou de poisson. Dans ce cas, « le mariage fromage-boulette est aussi important que l’accord mets-vins! » affirme Bob.

Pour de la volaille ou du poisson, on peut favoriser un fromage plus doux, comme un havarti ou un cheddar doux, comme le Coaticook ou le St-Guillaume. À l’opposé, on complémentera les viandes sauvages avec des fromages ayant plus de « punch ». Si on brûle une boulette de viande de cerf, par exemple, une bonne tranche de fromage Religieuse ou Mamirolle permettra de s’haïr un peu moins.

Avis aux récidivistes, cette règle d’or est aussi vraie pour les « autres » ingrédients brûlés! Ainsi, le goût d’un bon steak façon Pittsburgh (« brulé », mais dit « fancé ») s’élèverait de quelques coches avec un fromage persillé.

Pour les légumes brûlés, on argumenterait premièrement qu’ils sont « caRaméLiséS pouR faire rEssorTir le gOûT de chaRboN »... mais on ajouterait ensuite quelques tranches de fromage à griller sur le BBQ pour accompagner nos légumes « caramélisés ». On pense notamment au fromage à griller Doré-Mi, mais on pourrait même utiliser un bloc de cheddar frais, comme celui de la fromagerie Boivin ou le cheddar doux Bouchard Artisan Bio! L’honneur est sauf, le souper aussi.

Justement, parlant de récidivistes du cramé - comment faire pour éviter de brûler ses boulettes en premier lieu (on demande pour un ami)?

Se préparer comme un champion

Bob est catégorique : « la cuisine c’est 80 % de mise en place et 20 % d’exécution. Préparer ses ingrédients d’avance, ça permet de se concentrer sur la cuisson et de garder ses yeux sur la "puck". »

Nettoyer son BBQ avant de se mettre à cuisiner est aussi une pratique recommandée, pour éviter les feux de graisse… et que le repas de la semaine passée devienne un des condiments.

Améliorer sa technique

Ensuite on peut changer la méthode du grillardin! La technique du chef pour une boulette parfaite? La saisir à feu direct (lire : chaud) environ 2 min de chaque côté pour former une belle croûte dorée qui conservera bien les sucs. Ensuite, on finit la cuisson à feu indirect. C’est quoi, un feu indirect? « Un coin de BBQ sans brûleur, par exemple, ou un BBQ éteint, qu’on ferme pour transformer en four. »

Sinon, un truc de grand-mère que Bob a essayé avec succès pour des boulettes épaisses : déposer un cube de glace sur chaque boulette, directement après les avoir déposées sur le gril! « La glace fond pendant la cuisson et ajoute de l’extra juteux. » On note avec intérêt.

Prendre les grands moyens

Enfin, les irrécupérables pyromanes peuvent toujours garder quelques ingrédients de sauvetage dans le frigo : fromages d’ici (ben oui), oignons caramélisés, tomates séchées, mayo-sriracha, mayo-paprika fumé, sauce tartare, bacon ou pancetta (hmmmmm)... Comme ça, même le plan B goûte le plan A!

Avec tout ça, on aurait quasiment le goût de faire brûler nos boulettes pareil.

En guise de techniques de diversion additionnelles, Bob propose :

  • La technique de la guédille : « T’as quelque chose dans le nez! »

  • La technique miettes : « J’pense que t’as échappé de quoi sur ton chandail! »

  • La technique du 2 $ : « Qui a échappé un deux piasses? » (avertissement: ça va vous coûter deux piasses)